Vendredi 4 octobre après les cours, enfants, parents, personnel enseignant, anciens élèves, force vives de Lembach et élus de la Haute Vallée de la Sauer ont envahi la cour de l’école Henri-Mertz pour l’inauguration officielle de cette dernière.
C’est en 2016 déjà, suite à la fusion de l’école maternelle avec l’école élémentaire, que le conseil municipal avait choisi le nom « Henri-Mertz » pour l’école accueillant les enfants du regroupement pédagogique (RPI) de Lembach et les villages du Steinbach, de Mattstall et du Pfaffenbronn. C’est donc la date du 4 octobre, jour de commémoration du 100e anniversaire de naissance du poète alsacien, enfant de Lembach, qui a été choisie pour le baptême officiel de l’établissement.
La langue alsacienne n’est pas éteinte
Le maire Charles Schlosser et le directeur d’école Jean-Christophe Rochelle ont pu saluer le député Frédéric Reiss, les conseillers départementaux Nathalie Marajo-Guthmuller et Rémi Bertrand, les maires Alfred Kreiss (Lobsann), Gérard Nicastro (Obersteinbach) et Jean Weisbecker (Wingen) ainsi que le curé Jean-Luc Caspar et le pasteur retraité Martin Blanalt. Un des deux fils du poète Robert Mertz, accompagné de son épouse et résidant dans le sud de l’Alsace, avait fait le déplacement. L’équipe d’animation du périscolaire Lembach/Langensoultzbach (dont les enfants de ce village) était également présente.
La cérémonie a débuté en chants avec l’ensemble des enfants de l’école, sous la direction de leurs maîtresses, accompagnés par les compositeurs chansonniers alsaciens, Isabelle Grussenmeyer et René Eglès. Ils ont interprété « Mir Danze » et « Mini Kàtz« . Six enfants du CM1-CM2 ont ensuite récité le poème en alsacien « Elsass » , « un texte d’Henri Mertz qui n’est pas des plus faciles », a commenté le directeur — les écoliers s’en sont sortis avec brio.
Le maire Charles Schlosser a constaté que la langue alsacienne n’était pas éteinte et que les cérémonies officielles étaient un moment propice à l’inclusion de la langue régionale dans les discours — les applaudissements lui ont donné raison.
Le maire a enchaîné avec la biographie d’Henri Mertz, né en 1919, fils d’un forgeron de Lembach qui devint instituteur après formation à l’École normale. Il fut marqué par la guerre et le sort des Alsaciens, des enseignants en particulier, durant cette période difficile. Il termina sa carrière professionnelle en 1976 comme professeur d’enseignement général de mathématiques, obtint le Bretzel d’Or de littérature alsacienne en 1979 et décéda en 1999. Poète, parfois satirique — il n’épargnera personne –, il publia à partir de 1946 et jusqu’à 1980 plusieurs recueils en langue alsacienne et un en français Au siècle des hommes sans tête. Ceux dans la langue maternelle parlent de « pauvre Alsace », « l’Alsace pêle-mêle » ou encore « Le nid de guêpes », entre autres. Après sa disparition, des amis ont publié ses poèmes allemands inédits dans le recueil « Spaetlese » (vendanges tardives).
Le bilinguisme encouragé
Au cours de son intervention, Charles Schlosser a lu quelques extraits de poésies de Henri Mertz, se caractérisant par le rythme, la vitalité, la richesse et la créativité de la langue alsacienne. L’auteur a surtout été marqué par les attaques contre cette dernière, ce qui le mettait en colère.
La conseillère départementale Nathalie Marajo-Guthmuller a rappelé le rôle de l’école et ses valeurs dans le parcours d’une vie. Elle a souligné qu’elle n’était plus seulement un lieu d’enseignement, d’acquisition de connaissances mais que l’école était aussi devenue un lieu d’éducation : « l’école, symbole de jeunesse, de dynamisme, d’avenir, doit rester un modèle de fierté dans lequel on se reconnaît de génération en génération. Elle met en avant la mission de l’élu qui est d’offrir aux enfants des écoles performantes. Enfant et éducation sont des priorités non négociables. » La conseillère départementale encourage le bilinguisme, « un atout dans notre région pour ne pas se priver des possibilités transfrontalières ». Francophone, elle a donné l’exemple en faisant une partie de son discours en alsacien.
Le député Frédéric Reiss a débuté son intervention en langue maternelle, soulignant que parler alsacien est pratiquement une obligation à Lembach ! Il a évoqué les péripéties vécues par les générations précédentes, alternant l’obligation de parler français et allemand. Il a appelé les jeunes à pratiquer la langue régionale car elle est un fil conducteur vers l’Europe.
Avant que René Eglès et Isabelle Grussenmeyer ne régalent un moment le public en puisant dans leur répertoire de chants personnels, l’élu a mis à l’honneur les deux artistes et le couple Robert Mertz. Le verre de l’amitié a clôturé la cérémonie festive.
Texte et photo : Hubert Kettering