Discours de M. le Maire du 10 janvier

plantu

Le dessin de Plantu à la Une du « Monde » du 9 janvier 2014

 

Madame, Monsieur, Chers Enfants, chers Amis,

La France est en deuil, comme le montrent nos drapeaux mis en berne pour trois jours. Elle est en deuil parce que la liberté qu’elle incarne a été la cible d’armes criminelles qui ont causé la mort de dix-sept personnes dont 5 journalistes, et deux policiers, l’un abattu en même temps que ces derniers et une deuxième par les criminels en fuite.

S’attaquer à un journal satirique fut-il extrême c’est s’attaquer à une liberté qui ne se négocie pas, celle de la pensée, celle de l’expression, celle de la presse. La menace pesait sur Charlie Hebdo. Malgré la protection policière de son directeur, personne pourtant n’aurait pu imaginer que des Français qui se revendiquaient comme tels puissent avoir recours à l’arme et la violence guerrières pour mettre cette menace à exécution. Prendre des gens en otage c’est violer leur liberté, droit fondamental de chaque citoyen.

Le glas qui vient de sonner du haut de nos deux églises est le symbole de notre tristesse, de notre sympathie pour les victimes et de notre soutien à un journal dont les terroristes n’ont pas signé l’acte de la mort mais celui de la vie.

La France est en deuil mais elle ne se résigne pas. Les nombreuses initiatives exprimées dès l’annonce du crime sous forme de messages, de rassemblements, de marches silencieuses traduisent la volonté des Françaises et des Français à la fois de se montrer solidaires avec les victimes et leurs familles mais aussi et surtout de manifester leur attachement à la république et à ses valeurs. Parmi celle-ci il y a la laïcité, parmi celle –ci, il ya aussi l’engagement de défendre l’expression religieuse. Toute dérive doit être combattue. C’est là le message clair que nous devons retenir aujourd’hui des événements de ces derniers jours. L’intolérance, le fanatisme, l’obscurantisme sont les ennemis de la démocratie.

La France a aujourd’hui plus que jamais besoin de s’unir autour des principes que je viens de rappeler. Il serait dangereux – et ce serait une deuxième balle tirée en plein cœur des Charb, Cabu, Wolinsky,Tignoux,Honoré, Maris, Renaud, Cayat, Ourrad, Brinsolaro, Merabet, Boisseau et des victimes d’hier dont nous ignorons encore l’identité – oui il serait dangereux de s’attaquer à l’islam et la religion musulmane en tant que telle – et d’adopter des positions de rejet ou de vengeance à l’égard des croyants de cette religion. A travers les balles meurtrières des assassins de la rue Appert et de la porte de Vincennes , ce n’est pas le Coran qui a parlé mais ceux qui le manipulent et l’instrumentalisent. La moindre faiblesse de notre reconnaissance aux valeurs républicaines ferait la force de ses opposants. La France aujourd’hui ne doit être ni de droite ou de gauche, elle doit être une.

La France n’est pas seule. L’Europe et au-delà de notre continent le monde libre et responsable est à ses côtés. Cette solidarité nous est utile et nécessaire à un moment si douloureux suite à un acte dont nous ne mesurons aujourd’hui pas encore vraiment les conséquences.

Votre présence ce matin témoigne de la gravité et l’émotion avec lesquelles vous avez pris connaissances des événements de mercredi dernier. Soyez-en remerciés.

Ce matin nous sommes tous Charlie. Vive la liberté, vive la République, vive la démocratie.

 

Charles Schlosser