Robert ULLMANN, un élément de la Nature

Robert était comme un arbre. Il avait ses racines : son village natal de Nehwiller, auquel il est resté fidèle tout en se sentant pleinement Lembàcher, ses forêts, celle de son enfance, celle où il a exercé pendant quarante ans son métier de bûcheron, et sa forêt d’adoption de Lembach, ses jardins, celui de la maison paternelle et celui des bords du Heimbach, ses vergers du Gries et des Lange Redre.

Cet arbre avait un tronc : c’était sa droiture et sa rigueur, son sens de l’engagement et de la justice, du devoir et du service, son humanisme et sa bonté, sa volonté et sa persévérance, sa fidélité et sa disponibilité, son intégrité et sa probité, son énorme courage aussi pendant sa maladie.

Et puis, il avait une grande couronne, c’était d’abord sa famille : Anne-Marie, son épouse, souvent sa guide et son conseiller ; ses enfants, Jean, Céline et Betty, pour lesquels il était toujours là quand ils avaient besoin de lui ; ses petits-enfants, Louise et Léonie, Lucien et Madeleine, sa secrète fierté.

Cette couronne, c’était aussi ses collègues de travail et le monde forestier avec lequel il avait noué des liens forts, particulièrement soignés à partir du moment où il prit la présidence du Sivu forestier. C’était, depuis son élection comme adjoint, les élus municipaux et communautaires qui ont reconnu en lui le serviteur consciencieux de la commune. C’était le personnel communal, qu’il soit administratif, technique ou forestier, avec lequel s’est créée très rapidement une relation de confiance, presque filiale et de respect mutuel garants d’une vraie collaboration. C’était les techniciens et les élus du service de l’eau et de l’assainissement du Bas-Rhin qu’il côtoyait dans le cadre de ses responsabilités communales dans le domaine de l’eau.

C’était aussi ses amis du monde associatif, notamment de l’association sportive et, depuis sa création, de l’association des charbonniers dont vice-président il a été la braise continue.

C’était enfin, ces dernières années, dans le cadre de sa maladie, de nouvelles connaissances dont le médecin qui l’a opéré à plusieurs reprises et avec qui est née une dernière amitié.

Autant de feuilles qui lui ont procuré l’oxygène nécessaire pour vivre une vie particulièrement riche et profonde, pleine et intense.

C’est sans doute parce qu’il a mis fin à la vie de tant de beaux et vénérables arbres qu’il s’est senti le devoir de confier un soin particulier à la forêt communale dont il avait la charge pendant plus de vingt ans, de nous convaincre de planter autant d’arbres de rues que possible dans le cadre de nos travaux de voirie et de planter lui-même tant de fruitiers de toute essence. Il est vrai que ces derniers le lui rendaient en lui procurant la matière première pour la distillation, une de ses passions et de ses talents.

arbre

Ja Robert, du besch kràftvoll gewann wie die zweihundertjähriche Aache wu m’r vor zwei Johr àn de Wisseburjer Stross g’auwe hàn. Kràftvoll wie d’Buch vum Wiedé. Am 26. Dezamber 1999, nochdem àss m’r d’ bitscher Stross un s’Gimbler Stressel hàn halfe frej màche, sin m’r metnànd d’Wisseburjer Stross nufgfàhre. Unsre beide Blick hàt sich noch links gewand mit de Angscht dàss de Gipfel vun däre Buch nehmeh ewer d’àndre Baam nüslucht. « Er isch g’fàlle » hàn m’r àlli zwei g’sàcht. Hitt bisch dü g’fàlle, liewer Friend.

Doch wie d’Buch im Schatte vun de Mairie àls Denkmal wiederschlaabt, wärsch dü widerschlaawe in unsre Harzer, im e Laawe, gspaist vum Sàft vun de Lieb vun dinre Fàmilie un dinni Frend. Där Baam,wu ich als Sinnbild fer dich bschriewe hàb, hàt àm letschte Mittwuch sin Laab verlore. Doch im Friehjohr vun de Ewigkaat, bliejt’r, bliejsch dü nej uf. Des sinn  unsri Ewerzejjung un unsri Hoffnung. Un die Hoffnung, Robert, sell uns morje d’Kràft gan, unsre hittich Schmarz ze ewerwinde un d’Finschternis in unsre Gemeter durch e ewichi Halle ze ersetze.