Samedi 22 juin, 170 privilégiés se sont retrouvés dans l’ancienne salle de cinéma du Restaurant Au Soleil à Lembach : dans ce lieu de souvenir préservé par les propriétaires s’est déroulée une projection particulière, organisé par le Syndicat d’initiative et la cinémathèque numérique MIRA.
C’est avec nostalgie et plein de souvenirs que de nombreux spectateurs ont retrouvé la salle de cinéma de leurs 20 ans.
Le public a passé une soirée merveilleuse. Pour certains, elle fut l’occasion de faire resurgir des souvenirs de jeunesse ; pour les jeunes, elle a permis de découvrir la « vidéo » de papi et mamie quand ils avaient leur âge.
Retrouver la salle de cinéma dans son authenticité
Pour les aînés, la surprise a été de retrouver la salle dans son authenticité : depuis la fermeture du cinéma en 1989, les restaurateurs Madeleine et Robert Vogel avaient précieusement préservé matériel, mobilier et décors, y compris le guichet de vente des billets. D’ailleurs les réalisateurs ont souligné : « Le village de Lembach a su conserver son cinéma intact : née dans les années 30, la salle Au Soleil est un lieu magique ! Magnifique conservatoire du cinéma, elle est endormie depuis 30 ans et ne demande qu’à retrouver ses spectateurs ! ». C’est ce qu’elle a fait ce 22 juin grâce aux recherches communes de Mira (Mémoire des images réanimées d’Alsace) et de l’équipe du Syndicat d’initiative (SILE), autour de son président Claude Gaubert et de superbes montages du réalisateur Gabriel Goubet, qui a commenté lui-même les trois films projetés.
À l’entracte, mise à profit pour la projection des publicités de l’époque « Jean Mineur et son téléphone Balzac 00 01 », de charmantes dames sont passées dans les rangs pour servir « MIKO » et Carambars.
Pendant que les spectateurs regagnaient leur place, c’est Eddy Mitchell chantant La dernière séance qui était à l’écran, et la soirée s’est achevée sur le « canapé », avec les invités pour commenter les films projetés.
Témoignages filmés sur le Lembach de l’époque
Le premier était un documentaire sur le cinéma de Lembach, avec les acteurs Colette Klein — son père ayant créé le cinéma —, Madeleine et Robert Vogel — qui ont repris le restaurant et le cinéma après-guerre. Pour Colette et Madeleine, c’était l’occasion d’évoquer des souvenirs, pour Robert, c’était plus technique. Matériel authentique à l’appui, il a expliqué l’évolution des projecteurs, le changement des bobines, la réparation des films… Il a rappelé que la fermeture du cinéma n’était pas due au manque de public, mais à des raisons de récupération des films. Avant 1988, tous les producteurs avaient leur agence à Strasbourg. Il s’y rendait chaque semaine avec son épouse pour choisir les films. « Nous avions de bons contacts et souvent, Lembach avait une avance en projection de nouveaux films sur les grandes salles des villes voisines », a-t-il commenté. Avec le recentrage des distributeurs à Paris, pour un village en milieu rural, cela devenait calvaire pour avoir les bons titres en temps voulu.
Grâce à la complicité du SILE, Gabriel Goubet avait récupéré des films amateurs auprès de particuliers. Chez la famille du coiffeur Fritz, le père avait filmé, dans les années 50 à 70, sa fille et son fils pratiquement de leur naissance jusqu’à l’âge adulte, reprenant ainsi en fond des fêtes et animations locales, tout comme les destinations vacances.
En 1989, Bernard Spill, voyant des flammes s’élever au centre du village avait eu le réflexe de prendre sa caméra et ainsi de mémoriser d’impressionnantes images sur l’incendie de l’Hôtel-Restaurant Mischler. Le berger Albert Grammes avait immortalisé toute l’activité ovine, dont il a été un promoteur. Certains tableaux étaient commentés directement par leurs auteurs ou leurs descendants.
Le dernier film portait sur l’évolution de la qualité de projection, en partant des premières réalisations amateurs en Super 8 avec des flous, des mouvements saccadés…
Une collation servie dans la cour du restaurant a permis aux spectateurs d’échanger avec les réalisateurs.